Améliorer la revue de code : bonnes pratiques

13 temps de lecture

2 vues

1 août, 2025

Un bon code ne se crée pas seul, il naît du dialogue. La relecture collaborative du code ne se contente pas de détecter les bugs : elle améliore le produit et renforce l’équipe. Dans cet article, vous découvrirez comment transformer la relecture de code en un puissant outil de croissance et de qualité de développement.

Idées clés

Une bonne relecture repose sur une culture de respect mutuel, de retour constructif et de normes claires

La revue de code améliore la qualité et la stabilité du code, en minimisant les erreurs et les bugs

L’automatisation et les itérations rendent le processus de relecture plus rapide, plus clair et plus utile pour toute l’équipe

Introduction

Imaginez que le code est la fondation de votre bâtiment. Plus elle est solide, plus la structure sera stable et durable. La revue de code agit comme une série d’inspections approfondies de cette fondation. Elle permet de :

Améliorer la qualité du code. C’est l’objectif principal. Un regard extérieur permet de repérer des erreurs logiques, des bugs potentiels, des failles de sécurité ou des problèmes de performance que l’auteur a pu manquer. On obtient ainsi un logiciel plus stable et fiable.
Partager les connaissances. Lorsqu’un développeur relit le code d’un autre, il ne fait pas que chercher des erreurs, il apprend aussi de nouvelles approches, des modèles et des spécificités du projet. C’est un moyen inestimable de partager les savoirs au sein de l’équipe, ce qui accélère l’intégration des nouveaux membres et renforce la compétence collective.
Assurer l’uniformité. La revue de code permet de maintenir un style de codage cohérent, une structure uniforme et des décisions architecturales partagées. C’est essentiel pour assurer la maintenabilité à long terme, surtout sur des projets d’équipe.
Renforcer le travail d’équipe. La relecture de code est un acte de collaboration, pas de critique. Elle crée un environnement où les développeurs se soutiennent, s’aident à progresser et à se développer. Cela favorise une dynamique de groupe positive et performante.
Réduire la dette technique. Des revues régulières permettent de détecter et corriger les mauvaises décisions dès le début, avant qu’elles ne s’accumulent en une dette technique difficile à gérer.
Renforcer la responsabilité. Savoir que son code sera relu pousse naturellement à écrire un code plus propre, réfléchi et compréhensible.

Préparer sa revue

Avant d’envoyer votre code pour relecture, assurez-vous qu’il soit prêt. Cela fera gagner du temps aux relecteurs et rendra le processus plus efficace.

Divisez en petits morceaux. N’envoyez pas un énorme changement qui modifie des dizaines de fichiers et fonctions. Plus les modifications sont petites et ciblées, plus elles sont faciles à relire et à comprendre. La taille idéale d’une pull request est de 100 à 200 lignes de code modifié. Si c’est plus, essayez de le découper en parties logiques.
Auto-relecture. Faites toujours une « mini-relecture » de votre propre code avant de l’envoyer. Vérifiez qu’il compile, que les tests passent, que la logique est claire. Soignez le formatage, les indentations, les noms de variables et de fonctions. Mettez-vous dans la peau du relecteur.
Description complète. Fournissez une description claire et détaillée de votre pull request. Expliquez ce que vous avez fait, pourquoi vous l’avez fait, quels problèmes sont résolus et en quoi cela correspond aux objectifs du projet. Indiquez les points qui nécessitent une attention particulière. N’oubliez pas d’ajouter des liens vers les tâches du gestionnaire de projet.
Supprimez le code commenté/inutile. Votre pull request doit contenir uniquement du code propre et fonctionnel. Le code obsolète ou commenté gêne la lecture.
Tests locaux. Assurez-vous que tous les tests automatisés (unitaires, d’intégration) fonctionnent correctement en local. Si des tests manuels doivent être effectués, décrivez-les dans la pull request.

Culture et communication

Une bonne relecture de code concerne d’abord les personnes, puis le code. Une culture saine et une communication efficace sont essentielles pour améliorer le processus.

Soyez constructif. Le but du relecteur est d’aider, pas de juger. Concentrez-vous sur le code, pas sur son auteur. Évitez les phrases comme « Tu t’es trompé » ; préférez « On pourrait améliorer ça » ou « Et si on essayait ça ? ».
Proposez des solutions. Si vous trouvez un défaut, proposez une manière de le corriger ou de l’améliorer. Dire « Il serait plus lisible d’utiliser forEach ici plutôt qu’une boucle for » est plus productif que simplement dire « Mauvaise boucle ».
Posez des questions, ne donnez pas d’ordres. Parfois, poser une question pousse l’auteur vers la bonne solution, plus efficacement que de souligner une erreur. Exemple : « As-tu envisagé d’utiliser le pattern Fabrique ici ? »
Soyez précis. Les commentaires doivent être clairs et ciblés. Évitez les généralisations et les remarques vagues. Donnez des exemples, des liens vers la documentation ou les standards de codage.
Faites attention au ton. À l’écrit, il est facile d’être mal interprété. Soyez poli et respectueux. Utilisez des emojis ou préférez un échange oral s’il y a un risque de malentendu.
Répondez aux commentaires. L’auteur du code doit répondre rapidement aux remarques du relecteur, expliquer ses choix ou accepter les suggestions. Même si vous n’êtes pas d’accord, exposez votre point de vue.
Remerciez. L’auteur doit remercier le relecteur pour le temps et les efforts consacrés. Cela contribue à un climat positif.

Focus du relecteur

En tant que relecteur, vous devez savoir où porter votre attention. Une revue de code efficace nécessite une approche systématique.

Fonctionnalité. Assurez-vous d'abord que le code fait ce qu'on attend de lui. Correspond-il à la tâche définie ? Résout-il le problème ?
Correction et logique. Y a-t-il des erreurs logiques ? Les cas limites sont-ils bien gérés ? Qu'en est-il des erreurs potentielles si quelque chose tourne mal (pointeur nul, division par zéro) ?
Sécurité. Existe-t-il des vulnérabilités potentielles (injections SQL, XSS, traitement non sécurisé des données utilisateur) ?
Performance. Le code crée-t-il des goulots d’étranglement ? Y a-t-il des algorithmes trop complexes qui pourraient poser problème avec de grandes quantités de données ?
Lisibilité et maintenabilité. Est-il facile de comprendre ce que fait le code ? Les variables, fonctions et classes sont-elles bien nommées ? Y a-t-il suffisamment de commentaires là où c’est nécessaire (mais pas partout) ? Le code respecte-t-il les standards de codage de l’équipe ?
Tests. Des tests unitaires pour les nouvelles fonctionnalités sont-ils présents ? Les tests existants passent-ils ? Le nouveau code ajoute-t-il des tests de régression pour les bugs corrigés ?
Duplication de code. Y a-t-il du code ajouté qui existe déjà ailleurs dans le projet ?
Architecture et design. Les changements respectent-ils l’architecture générale du projet ? Le nouveau code introduit-il des antipatterns ?

Essayez de suivre une checklist pour ne rien oublier d’important. Et rappelez-vous qu’une revue n’est pas une réécriture du code à votre manière, mais la recherche d’améliorations significatives et d’erreurs.

Outils

Utilisez des outils modernes pour automatiser les aspects routiniers de la revue de code. Cela permet de se concentrer sur les aspects logiques plus complexes.

1. Systèmes de gestion de versions avec support PR/MR : GitHub, GitLab et Bitbucket offrent des interfaces pratiques pour créer, consulter et commenter les demandes de fusion (Pull Requests / Merge Requests). C’est une plateforme centralisée pour toutes les discussions.

2. CI/CD (Intégration et livraison continues) : configurez des vérifications automatiques pour chaque demande de fusion. Cela inclut :

Tests automatiques : les tests unitaires, d’intégration et fonctionnels doivent s’exécuter automatiquement.
Linters et formateurs de code : des outils comme ESLint, Prettier, Black, SwiftLint vérifient automatiquement la conformité aux styles et standards, et formatent le code. Cela libère le relecteur de vérifier les indentations et accolades, lui permettant de se concentrer sur la logique.
Analyse statique du code : des outils comme SonarQube, Bandit (pour Python), Semgrep détectent les bugs potentiels, vulnérabilités et problèmes de qualité à un stade précoce.
Vérification des dépendances : outils d’analyse des vulnérabilités dans les bibliothèques tierces.

3. Modèles de demandes de fusion : créez des modèles standardisés pour les PR/MR incluant des champs obligatoires : description des changements, lien vers la tâche, liste des tests effectués et questions pour le relecteur. Cela garantit que l’auteur fournit toutes les informations nécessaires.

4. Outils de commentaires : de nombreuses plateformes permettent de laisser des commentaires directement dans le code, liés à des lignes spécifiques. Cela rend la discussion plus contextuelle.

L’utilisation de ces outils accélère et améliore considérablement la revue de code, en supprimant les tâches répétitives et permettant aux développeurs de se concentrer sur l’essentiel.

Itérations et apprentissage

Le processus de revue de code n’est pas statique. Il doit évoluer avec l’équipe et le projet.

Approche itérative. N’attendez pas qu’une seule revue rende le code parfait. Plusieurs cycles de commentaires et modifications peuvent être nécessaires. C’est normal. L’essentiel est de viser une amélioration continue.
Rétrospectives. Organisez régulièrement des rétrospectives dédiées au processus de revue de code. Qu’est-ce qui fonctionne bien ? Qu’est-ce qui peut être amélioré ? Quelles difficultés rencontrent les participants ? Recueillez les retours de tous.
Formation et mentorat. Utilisez la revue de code comme un outil d’apprentissage. Les développeurs juniors peuvent apprendre des plus expérimentés, et les seniors affiner leurs compétences de mentorat. Si quelqu’un fait souvent les mêmes erreurs, une session de formation supplémentaire ou du pair programming peut être nécessaire.
Adaptation des règles. Les standards de codage et règles de revue ne sont pas gravés dans la pierre. Ils doivent évoluer avec le projet et la croissance de l’équipe. N’hésitez pas à les modifier si cela améliore l’efficacité et la qualité.
Ne pas retarder. Essayez d’effectuer les revues rapidement pour ne pas bloquer le travail de l’auteur. Plus une demande de fusion traîne, plus elle devient difficile à intégrer et plus le risque de conflits augmente. Mettez en place des SLA internes pour les délais de revue.
Ne pas interrompre le flux. La revue est une partie importante de la journée, mais ne doit pas interrompre complètement votre travail principal. Il peut être utile de réserver des plages horaires dédiées à la revue ou de répartir la charge entre plusieurs relecteurs.

Fait intéressant

Le développement de la première version d’UNIX chez Bell Labs dans les années 70 comprenait une forme précoce de revue par les pairs : tout le code était vérifié manuellement et discuté collectivement sur des tableaux. Cela a contribué à créer l’un des systèmes d’exploitation les plus fiables de l’histoire.

À lire aussi :

Pour mieux comprendre la productivité, lisez l’article sur comment booster votre productivité avec Kanban : conseils pour une gestion efficace des tâches.

Pour prévenir l’épuisement professionnel, découvrez comment éviter le burnout : stratégies essentielles pour préserver votre bien-être.

Pour mieux planifier, consultez le diagramme de Gantt : guide pour utiliser les diagrammes de Gantt en gestion de projet.

Conclusion

Les bonnes pratiques de revue de code sont la pierre angulaire d’un développement logiciel de haute qualité. En appliquant ces recommandations, vous transformerez la revue de code d’une vérification routinière en un processus dynamique d’échange de connaissances, qui conduit à la création de logiciels plus fiables, propres et innovants. Commencez à appliquer ces principes dès aujourd’hui et vous verrez la qualité de votre code et de votre équipe s’améliorer.